Les yeux encore embués par les 12h de décalage horaire, voici un petit CR de la grande messe de samedi dernier :
Voilà nous y sommes enfin : Kona (Hawaii Big Island), lieu de la finale des championnats du monde d’Ironman regroupant les meilleurs spécialistes mondiaux du triathlon longue distance pros et amateurs, ayant obtenu leur qualification au travers des 30 épreuves WTC à travers le monde.
Je me rends pour la 3ème fois sur l’archipel qui a vu la naissance du triathlon, une journée de 1978. Je ne suis pas un « fanatique » de l’épreuve, à l’instar de la plupart de mes acolytes français retrouvés là-bas, mais il est vrai qu’elle dégage une « énergie » sans commune mesure : en plus de l’aspect historique, l’atmosphère tri athlétique qui règne les jours précédents la course, la possibilité unique de côtoyer à l’entraînement les stars de la discipline, la qualité et surtout la densité des athlètes constituant le plateau, le dépaysement et la difficulté d’appréhender cette course pour un européen (12h de décalage horaire associées à des températures et un taux d’humidité élevés), sont autant d’arguments incitant à prendre part à la grande messe.
Je choisis, cette année, d’arriver 10 jours avant la course afin d’effectuer mes dernières grosses séances dans les conditions climatiques de l’évènement. Les sensations sont d’ailleurs plutôt correctes jusqu’au jour J, mise à part une alerte au tendon d’achille qui me contraindra par prudence d’amputer certaines séances course à pied. J’ai confiance en ma condition physique, étant encore plus affûté qu’à Nice (68kg)… mais bon à Hawaii, tout le monde l’est comme nulle part ailleurs et c’est d’ailleurs très impressionnant. Dans le domaine, la palme revient à ce diable d’Andreas Raelert dont la maigreur ferait pâlir un anorexique
Samedi 08 Octobre 2011, 7h baie de Kona : Le coup de canon lançant le départ des groupes d’âge retentit après celui des pros partis une demi-heure avant. Positionné à droite sur la ligne de départ, soit à la corde, je me mets en action au milieu de 1900 autres concurrents. Cela frotte comme jamais (et je n’aime pas frotter en natation…) mais je m’y attendais car la densité est effectivement présente. Je nage enfermé pendant les premières centaines de mètres et guette en vain un élargissement du faisceau qui ne viendra jamais : en effet, cette année, des centaines de bénévoles sur des planches contiennent le flot de nageurs sur une trajectoire en ligne droite jusqu’au demi-tour. Je ne parviens donc pas à poser ma nage et rumine quelque peu cette erreur tactique me contraignant à nager comme sur les 100 premiers mètres d’un départ de CD régional, mais pendant 2000m. Après le demi-tour, cela s’éclaircit, mais je sais déjà que le chrono natation ne sera pas fameux car je double trop facilement des concurrents en fin de parcours, ce qui n’est pas normal… Le verdict confirme mes craintes : 1h02’50 pour ces 3.9km sans combinaison (comme en 2006 mais 2min de plus qu’en 2004), mon niveau actuel se situant plutôt aux alentours des 58-59’.
Un peu désabusé, je cafouille ma transition, mais le plus important est là : je suis sur le vélo et mon point fort doit me remobiliser. C’est donc parti pour 180km d’un parcours jalonné de longs faux plats à travers les champs de lave. Je pars assez fort afin de ne pas m’engluer dans les paquets se formant et en veillant surtout à respecter les règles strictes de dépassement de la WTC (les arbitres ici ne plaisantent pas…). Les 1ers 100km se déroulent plutôt bien, le vent de face dans la montée menant au demi-tour d’Hawi me contraint même à mettre le petit plateau, ce qui n’est pas pour me déplaire, moi qui affectionne davantage ce genre de braquets. Je maintiens une bonne allure durant le début du retour mais commence à éprouver des douleurs aux fessiers à partir du km 130 m’obligeant fréquemment à abandonner la position aéro ; là, je me dis que les sorties longues d’entraînement sur prolongateur n’ont pas été… assez longues, c’est pourquoi j’essaie de gérer au mieux l’alternance position cintre-position prolongateur afin de conserver un bon rythme. Mais des concurrents que j’ai précédemment doublés me repassent et les miles qui s’écoulent se transforment vite en calvaire tant j’ai le sentiment de piocher ; les 30 derniers km se font en mode cyclotouriste afin de garder le peu de forces musculaires qu’il me reste pour le marathon. 4h57 pour la partie vélo : c’est mieux qu’en 2006 mais moins bien que ce que j’espérais au départ. Surtout, je suis complètement lessivé, usé par la fin d’un parcours vélo pourtant relativement épargné par le vent cette année mais tout de même surchauffé.
J’entame donc le marathon…plus qu’entamé J et les 15 premiers km en forme d’aller-retour sur Alii Drive, censés être les plus faciles et les plus frais, s’effectuent au radar et plus que jamais dans un ironman, je m’accroche au moral. Dans la montée de Palani Road (km16), je croise Crowie (Craig Alexander) à qui il ne reste plus qu’1 mile et qui se dirige vers une 3ème victoire. Il serre les dents et ses poursuivants sont dans un état de souffrance qui me fait dire qu’on est tous dans la même galère… Sauf que pour ma part, il reste 25km sur la Highway 19, au milieu des champs de lave et sur un bitume surchauffé. Envolées mes ambitions de Top100, il faut quand même terminer ! J’essaie de garder un rythme de croisière de 11km/h en occultant les fourmillements dans les membres et le bourdonnement dans les oreilles que je ressens depuis le début de la course à pied. La sortie d’Energy Lab, coin stratégique où la chaleur du magma en fusion remonte à la surface du sol, est salvatrice. Je sais qu’à cet endroit il ne reste plus que 10km pour rallier l’arrivée. Etonnamment, les sensations reviennent et j’effectue cette fin de parcours à un bon 13km/h (bases marathon de 3h15) galvanisé par le fait de ramasser de nombreux « morts ». Et oui, Hawaii, c’est cela : la densité y est telle qu’une légère variation d’allure en plus ou en moins, et ce sont des wagons de concurrents doublés… ou qui vous doublentJ. Je ne lâche donc rien dans la descente de palani road puis dans l’entrée sur Alii Drive malgré les crampes qui menacent : ouf ça tient et je passe la ligne en 228ème position et 9h36’50, extrêmement heureux d’améliorer mon meilleur chrono ici de 10 min et surtout d’avoir donné le maximum en fonction de mes moyens du jour. 3h29 pour le marathon : c’est correct étant donné le début poussif que j’ai précédemment décrit.
BILAN(S) HAWAII 20113ème fois finisher à Kona (après 2004 et 2006) dans une course de plus en plus relevée (113ème en 10h04 en 2004, 256ème en 9h46 en 2006, 228ème en 9h36 en 2011), je ne boude pas mon plaisir. Néanmoins, je peux désormais affirmer que pour réaliser une course pleine (sans creux entre le 150ème km vélo et le 15ème km càp…lol), il me faudrait bien plus que les 15 heures d’entraînement hebdomadaires qui représentent mes grosses semaines de charge. J’ai souvent provoqué l’hilarité chez d’autres qualifiés lorsque nous comparions nos volumes d’entraînement respectifs (certains même annonçant 28h en moyenne avec des pics… à 38 !). Mais sans chercher de quelconques justifications, je suis un amateur (un vrai
) et je ne peux ni ne veux rompre le sacro-saint équilibre professionnel/personnel/sportif si chèrement acquis et si difficile à entretenir…
Un grand merci à ceux qui ont suivi la course et à ceux qui m’ont témoigné leur soutien à leur manière. Je leur dédie chacun de mes passages sur les tapis d’enregistrement de puces électroniques tantôt la socquette légère, tantôt… les semelles de plomb, car mes pensées allaient vers eux (en particulier ceux qui faisaient la chouille à la Cup et que je félicite au passage pour leur belle 28ème place…).
SAISON 20111 trail : 1er à Chantonnay
2 triathlons Sprint : 1er (par équipe) à Bourges, 4ème à Saint Bonnet
2 triathlons CD : 7ème à Saintes, 2ème à Saint Bonnet
2 Half-Ironman : 6ème à Belfort, 1er à Saint Bonnet : champion triathlon LD de région Centre
2 Ironman : 22ème à Nice (2ème classe d’âge), 228ème à Hawaii (56ème classe d’âge…)
PERSPECTIVES 2012Ironman LANZAROTE : 19/05/12
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Sujet: HAWAI 2011 
